Au sujet de la conception des activités, de la préparation de la classe, le rapport de l’IGEN souligne la présence de « situations et des formes d’activités peu diversifiées, sous-exploitées pour assurer des apprentissages », « des travaux très formels au détriment des jeux, recherches, manipulations » :
- « Or, dans les classes, on produit beaucoup : les fiches semblent des « supports sérieux » mais on n’échappe pas au risque que la production se substitue à l’apprentissage. Avec de jeunes enfants, s’il n’y a pas un ancrage dans la manipulation, dans la progressive symbolisation à partir de l’observation, de la manipulation ou du « vécu », il y a de fortes chances que l’on aboutisse non pas à une formalisation de l’expérience (les mots prenant sens à partir de l’expérience) mais à un formalisme dénué de sens pour les enfants et qui ne laissera ni trace ni structure en mémoire ; les « leçons de mots » ne remplacent pas les « leçons de choses », disait-on à la fin du XIXème siècle. »
(rapport de l’IGEN sur l’école maternelle – n°2011-108 – oct 2011 – p 118)
Le nouveau programme de l’école maternelle (B.O. du 26 mars 2015) précise :
« Chaque enseignant s’attache à mettre en valeur, au-delà du résultat obtenu, le cheminement de l’enfant et les progrès qu’il fait par rapport à lui-même. Il permet d’identifier ses réussites, d’en garder des traces, de percevoir leur évolution. Il est attentif à ce que l’enfant peut faire seul, avec son soutien (ce que l’enfant réalise alors anticipe souvent sur ce qu’il fera seul dans un avenir proche) ou avec celui des autres enfants. »
« Dans tous les cas, les situations inscrites dans un vécu commun sont préférables aux exercices formels proposés sous forme de fiches. »
Comment laisser trace d’une activité menée en classe en variant les supports ?
Comment donner sens à cette trace ?
À qui ces traces sont-elles destinées ?
Voici quelques pistes de réflexion :
Quels supports d’apprentissage peut-on utiliser à la place des photocopies ?
« C’est par l’imitation, le jeu, l’action, la recherche autonome, les essais-erreurs, l’expérience sensible et le langage que l’enfant selon un cheminement qui lui est propre construit ses acquisitions fondamentales.
C’est lorsque les enfants ont un bagage expérientiel et langagier qu’il devient possible d’introduire la planification, d’anticiper l’action par la pensée. »
« La formalisation sur une fiche de travail individuelle ne pourra se justifier qu’en appui sur une expérience vécue, sur des essais-erreurs, sur un passage progressif à la symbolisation et ne sera introduite que très graduellement, lorsque la tenue du crayon sera possible. »
(« Les traces à l’école maternelle : quelle place à la fiche de travail ? » Groupe départemental Maternelle Pyrénées-Orientales)
Privilégier par exemple :
- situations de langage oral dans les coins-jeux, langage d’évocation à partir de photos (prises en salle de jeux ou en récréation)
- lexique mis en situation dans des activités (vocabulaire spécifique au jardinage par exemple)
- exercices préparatoires au graphisme : tracés dans du sable, de la farine, de la semoule, pâte à modeler.
- utilisation du matériel de motricité pour préparer le geste graphique.
- jeux mathématiques : travail à partir d’albums, boites à compter, abaques…
- travail du principe alphabétique avec lettres mobiles
- jeux de cartes : syntaxe, phonologie, catégorisation…
Article réalisé par Séverine Dao, Florence Frérot, Nathalie Wouschil, Isabelle Lajugée, Michèle Joly et Olivier Dupuy pour le groupe départemental maternelle.